Le blog des éditions Libertalia

La Commune n’est pas morte dans Ballast

mercredi 3 février 2021 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans Ballast, février 2021.

Si le devoir de mémoire s’est imposé dans les collèges et lycées comme une compétence à acquérir pour les écoliers, les objets de cette mémoire et le traitement qui en est fait ne cessent d’interroger. D’autant que l’évolution même des suites d’un événement se doit d’être comprise pour en retenir, au-delà des faits, leurs interprétations enchâssées. Ainsi de la Commune de Paris, délaissée par les programmes scolaires. D’où vient qu’on se souvienne de la mise à bas de la colonne Vendôme, de la danse apocryphe de Lénine passés les 72 jours de la Révolution d’octobre ou que l’on s’écharpe encore sur le nombre de victimes civiles de la répression versaillaise ? Quelle place pour la Commune dans l’imaginaire politique des partis de gauche comme de droite ? Tandis que l’on commémore cette année les 150 ans de l’événement, il est utile de lire l’histoire des devenirs de la Commune qu’a dressée Éric Fournier pour analyser les célébrations actuelles (ou l’absence de ces dernières). Partant du constat qu’il y a une « discordance entre l’histoire et les mémoires de la Commune », l’auteur aborde chronologiquement les manifestations provoquées par cette séquence. Si les années qui font suite à la répression sont celles d’une « mise en forme frénétique de la mémoire des vainqueurs », un équilibre se rétablit peu à peu après l’amnistie puis par le biais des partis politiques qui se constituent alors — socialistes et communistes. Tenants de l’ordre policier et héritiers des communards se livrent alors à une « concurrence des martyrs », qui invite les contemporains à « insister sur la répression plus que sur les réalisations ou les idéaux de la Commune » – en somme, « sur mai plus que sur mars ». La publication récente aux éditions Libertalia de témoignages de l’époque, de femmes notamment, complète une telle approche, approfondissant par le récit individuel les usages collectifs de 1871. Et il ne fait pas de doute que, dans les célébrations de cette année, Fournier trouvera une matière nouvelle à étudier.

E.M.