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La Révolution palestinienne et les Juifs sur Ballast

mardi 1er mars 2022 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié sur le site de Ballast, mars 2022.

Printemps 1970. Le Fatah – Mouvement de libération national de la Palestine – a onze ans d’âge lorsqu’il fait paraître ce texte dans son journal. L’organisation avait été cofondée par Yasser Arafat au Koweït ; l’objectif était clair : libérer le territoire palestinien de l’occupation gouvernementale et militaire sioniste, c’est-à-dire de l’État inventé par l’ONU en 1947 puis introduit par la force armée l’année suivante. En juin 1967, Israël attaquait les pays frontaliers et triplait son emprise territoriale ; la vieille ville de Jérusalem tombait entre ses mains. C’est donc dans ce contexte qu’est publié ce texte. À la faveur d’un partenariat entre Orient XXI et Libertalia, le journaliste Alain Gresh en signe aujourd’hui l’introduction. L’auteur ne se contente pas de resituer les coordonnées de l’époque : il existe, dit-il en conclusion, une « actualité à l’utopie » proposée en ces pages vieilles d’un demi-siècle. En ressusciter l’esprit, poursuit Gresh, permettrait d’en finir avec les « vieux schémas » et de rouvrir, face à l’apartheid institué par le régime israélien, « la voie révolutionnaire et humaniste ». Le Fatah se posait en défenseur d’une « Palestine progressiste, démocratique et non confessionnelle ». La paix était possible ; la coexistence entre les peuples et les religions, aussi. Le mouvement dénonçait l’antisémitisme présent dans le monde arabe et récusait « le désir de vengeance ». Il faisait savoir qu’il attendait « avec impatience » l’arrivée « de milliers de Juifs » à ses côtés. Et le Fatah d’insister : il faut « gagner les Juifs à sa cause par des actes et pas seulement par des mots ». Plaidant pour le réalisme et non pour quelque « rêve romantique », le mouvement avançait que la Palestine future – débarrassée de la structure étatique et raciste introduite en 1948 – intégrera l’ensemble des habitants dans une citoyenneté égalitaire et laïque. Les Juifs du monde entier pourront à loisir s’installer en Palestine et voir l’un d’eux occuper la présidence, une fois refermée la parenthèse coloniale – le sionisme. S’il s’agit là d’une ébauche plus que d’un programme abouti – tout n’était « pas encore tout à fait clair » –, elle ne s’avance pas moins comme « la seule solution permanente qui apportera une paix durable et la justice ».

E.C.