Le blog des éditions Libertalia

Souvenirs d’un étudiant pauvre, dans L’OURS

jeudi 12 novembre 2015 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Dans L’OURS n° 451, septembre-octobre 2015

Relire Vallès

Jules Vallès a écrit ces mémoires en 1883 en revenant d’exil. Le communard amnistié est de retour en France alors que reparaît son journal Le Cri du peuple. La première édition chez Gallimard date de 1930 ; on la doit à l’écrivain et journaliste Bernard Lecache (1895-1968), fondateur de la Ligue internationale contre l’antisémitisme et auteur d’un ouvrage sur Séverine, l’ancienne secrétaire et amie de Jules Vallès. Ce texte posthume se présente comme des Mémoires vrais distincts de la trilogie des Vingtras qui, tout en étant nourrie de souvenirs de l’auteur, s’assume comme une œuvre romanesque.
Fatigué par une vie de privations et de combats aussi ingrats qu’épuisants, Vallès est malade et va mourir en 1885. Alors que l’on aurait pu s’attendre à de l’amertume, on rencontre un écraivain-militant qui a gardé toute sa fougue. On retrouve intact son art du portrait, son sens aigu de l’image et le trait caustique avec lequel il ne s’épargne guère. L’étudiant Vallès vu par Vallès se caractérise par une ironie mordante qui lui « sortait par la peau » et qui lui permet de triompher du dédain que « les arrivés » montraient au « petit révolutionnaire râpé et hérissé ».
Les misères de la vie ne l’ont pas aigri et il prend plaisir à rappeler qu’il fut « gai, rieur et embrasseur de jolies filles » et qu’il aimait fréquenter « les viveurs et soupeurs de Paris ». On apprend peu de choses sur ses choix politiques et c’est davantage l’homme que le communard qui s’exprime dans ces souvenirs. Un homme tel que ses familiers comme Séverine l’ont fréquenté, joyeux et optimiste en dépit de nombreuses vicissitudes de sa vie militante.

Gérard Lindeperg