Le blog des éditions Libertalia

Droits humains pour tou·te·s dans 50/50

mercredi 7 octobre 2020 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans 50/50 le magazine de l’égalite femmes-hommes, le 10 juillet 2020.

Human rights, diritti umani, derechos humanos, direitos humanos… Seule la France, contrairement aux autres pays francophones qui ont volontiers adopté l’expression « droits humains », s’entête à parler des « droits de l’homme ». Depuis sa création en 2015, le collectif Droits humains pour tou·te·s (DHPT) milite pour l’abandon de cette appellation. Le collectif a publié un livre manifeste qui retrace, à travers des contributions variées, l’histoire du collectif et de sa lutte pour un langage égalitaire.
Dans l’avant-propos, Géraldine Franck, coordinatrice de l’ouvrage collectif, déclare : « le langage est politique : ce qui n’est pas mentionné n’existe pas ». En effet, le langage est loin d’être neutre, puisque ce sont les mots qui structurent et guident notre pensée au quotidien. Le constat que fait DHPT est le suivant : en français, le masculin est neutre et le féminin est invisible. En particulier, parler des « droits de l’homme », et non des « droits humains », revient à invisibiliser les femmes, leurs droits et leurs luttes sur le plan institutionnel. C’est pour cette raison qu’est né le collectif qui, dès la première publication sur son site, a annoncé : « le collectif Droits humains se dissoudra dès lors que les institutions de la République française auront enclenché des changements tangibles. À défaut, il restera actif aussi longtemps que nécessaire ».
L’ouvrage rassemble une grande diversité de textes. À ceux rédigés par les membres du collectif, s’ajoutent des contributions de linguistes, historien·nes et sociologues, comme Christine Delphy et Éliane Viennot, qui y livre d’ailleurs un texte inédit. DHPT a également intégré des plaidoyers présentés lors du concours d’éloquence organisé chaque année par le collectif. À travers des plaidoiries, fables, parodies et poèmes, leurs autrices et auteurs explorent les enjeux d’une langue inclusive, comme la comédienne Typhaine D dans La Pérille mortelle. Elle propose une « grammaire féministe impertinente » contrôlée par des Académiciennes qui affirment que « la féminine l’emporte sur la masculine », au grand dam de ces « associations masculinistes prostatiques ». Entre les textes se glissent des illustrations, réalisées notamment par Catel ou Emmanuelle Teyras, qui dénoncent avec humour le sexisme de la langue française.
La pluralité des voix constitue une grande force de l’ouvrage, qui apporte un éclairage à la fois grammatical, historique, sociologique et politique à l’argumentaire du collectif. DHPT et ses collaboratrices/collaborateurs répondent à un grand nombre de questions. Depuis quand le masculin est-il le genre neutre, et pourquoi ? Quand a-t-on abandonné la règle de proximité ? Qu’est-ce que le féminin conjugal [1] ? Que dit notre langue sur notre société ? Comment la grammaire contribue-t-elle à invisibiliser les femmes et à leur imposer la domination masculine ? Il est difficile de ne pas se laisser convaincre par au moins l’un des textes. Dans sa solide argumentation, DHPT rappelle le slogan rendu célèbre par le Mouvement de libération des femmes dans les années 1970, « un Homme sur deux est une femme ». Sept mots suffisent à révéler l’invisibilisation des femmes et la masculinisation du langage.
À celles/ceux qui, après lecture de l’ouvrage, diront encore que « ce ne sont que des mots », il conviendra de poser la question suivante : pourquoi l’Académie française s’acharne-t-elle contre l’évolution du langage, au point de déclarer en 2017 : « devant cette aberration “inclusive”, la langue française est en péril mortel » ? C’est bien la preuve que le langage est politique, et que les mots sont des armes. Le français est une langue vivante : contrairement au latin qui restera gravé sur des tablettes de cire, elle peut changer, évoluer et être un outil de lutte pour un monde plus égalitaire. Afin de contribuer encore plus largement au combat contre les violences faites aux femmes, le collectif a d’ailleurs choisi de reverser intégralement les droits de l’ouvrage au collectif #NousToutes.
Non, l’homme n’inclut pas la femme, loin de là. L’ouvrage se clôt avec la Déclaration des droits humains des citoyennes et des citoyens, votée par l’Assemblée nationale en 1789, adaptée à la mixité par Zéromacho en 2015. Avec seulement quelques modifications et ajouts (un seul point médian est utilisé), ce texte fondateur, emblématique de la Révolution française, devient non sexiste. Le résultat n’est ni étrange, ni difficile à lire, preuve que le langage épicène n’est pas, comme l’affirment ses détractrices/détracteurs, un « péril mortel » mais bien une façon d’avancer vers l’égalité.

Lou Cercy

[1Comme l’explique Ségolène Roy, le féminin conjugal désigne la forme féminine d’une fonction prestigieuse, utilisée au XIXe siècle pour désigner l’épouse de l’homme chargé de cette fonction interdite aux femmes : l’ambassadrice est donc simplement l’épouse de l’ambassadeur.

Wonder Woman, l’Histoire derrière la légende

mercredi 7 octobre 2020 :: Permalien

Émission Nota Bene (Benjamin Brillaud) du 5 octobre 2020, préparée par William Blanc (Super-héros, une histoire politique).

Rosa Parks sur France Culture

jeudi 17 septembre 2020 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

L’émission « Une histoire particulière » des 5 et 6 septembre 2020 sur France Culture était consacrée à Rosa Parks :
https://www.franceculture.fr/emissions/une-histoire-particuliere-un-recit-documentaire-en-deux-parties/rosa-parks-12-rosa-parks-pas-celle-que-vous-imaginez

Partie 1.

Partie 2.

Hommage au Rojava sur Bibliothèque Fahrenheit

jeudi 17 septembre 2020 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié sur le blog Bibliothèque Fahrenheit, le 5 septembre 2020.

« Nous étions des gens ordinaires, pas plus fous ou courageux que les autres. À un moment de notre vie, nous avons choisi de tout quitter, lucidement et sans fanatisme, pour combattre aux côtés des populations du Kurdistan syrien. » Recueil de témoignages de vingt-deux combattants internationalistes ayant rejoint les unités YPG/YPJ au Rojava pour affronter Daech ou l’armée turque.
Ils racontent leurs motivations, leur périple pour rejoindre la région, leur apprentissage, leur quotidien, avec les combats ou au contraire l’attente interminable, leurs compagnons, leur difficile retour dans les « sociétés endormies ».
Azad (Albanie) explique la tradition du tekmil qu’il découvre à l’académie internationale des YPG, moment de débriefing quotidien où le commandant et les volontaires sont libres d’émettre critiques et autocritiques sur leurs prestations physiques, les comportements irrespectueux et les attitudes déplacées. L’absence d’autoritarisme et de véritable hiérarchie se retrouvent dans l’armée comme dans toute la société. Le militarisme est considéré comme une idéologie propre au patriarcat et à la société capitaliste. « Nous ne faisons donc pas partie d’une armée mais d’une milice, d’une force alternative, de formations partisanes, parce que l’intérêt est de défendre la population face aux forces réactionnaires et fascistes et de garantir la réussite de la révolution », confie-t-il. « Car il ne suffit pas de tuer pour gagner une guerre et mener une révolution, il faut aussi vivre, et donc être capable de mener une vie digne, de la défendre et de la transmettre. » Il a noté qu’environ 30% des volontaires internationaux sont anarchistes, communistes ou socialistes, 30% des soldats en congés, des ex-soldats ou des mercenaires, et 40% forment un groupe plus hétérogène de personnes qui ont laissé leur vie pour motifs personnels.
Çekdar (Italie) complète cette présentation en évoquant les tabûr, unités de combat composée d’une trentaine de personnes, et leur fonctionnement. Il présente aussi, rapidement, le confédéralisme démocratique qui prévoit de « vider l’État de l’intérieur » et dont l’un des fondements est la coexistence de religions et d’ethnies différentes sur un même territoire.
Çîya (Pays basque), dans l’un des plus beaux textes de cet ouvrage, relie l’histoire des Kurdes avec les montagnes qui occupent une place importante dans leurs paysages : « Qu’avons-nous appris de ces montagnes ? Les camarades appellent cela xwebun e xweparastin : “s’autogérer et se défendre”. Elles et ils apprennent à être autonomes, à survivre dans les montagnes, à se défendre et à défendre ceux qui les entourent. » « La montagne comme phénomène de rupture pour la création d’une nouvelle société nous aide à dépasser trois oppressions : celle des hommes sur les femmes, celle de l’être humain sur la nature, et l’impérialisme (l’oppression d’une société sur une autre). » Il présente, avec des mots forts, cette relation au paysage que cherche à détruire l’État turc en incendiant les forêts, construisant des digues et des routes, la symbiose entre les « différents substrats personnels » et la coexistence ancestrale entre différentes communautés, la culture du partage entre camarade transmise à la société sans endoctrinement mais de manière spontanée, par l’exemple.
Ciwan (Catalogne) se confie : « Quiconque en Europe ou en Amérique accepte de tuer de façon tacite, de façon même plus lâche en payant des impôts ou en achetant des produits que nous consommons. Mais la différence est que nous n’en voyons pas les conséquences. Cela semble lointain, abstrait. La guerre sur le terrain est seulement horrible, en cela c’est plus clair, car elle nous oblige à assumer la responsabilité de nos actes. Et c’est toujours une damnation. » Comme d’autres, il se place dans la continuité des volontaires partis par milliers combattre le fascisme en Espagne en 1936.
De nombreuses pages sont consacrées aux récits des combats, notamment la défense du canton d’Afrîn contre l’armée turque et ses supplétifs jihadistes à partir de janvier 2018 et la seconde attaque, toujours en cours, depuis octobre 2019, avec la résistance de Serêkaniyê et le front de Til Temir. Ilyas (Russie) raconte son expérience de tireur de précision, et Cîlo (France), ancien militaire, reconnait avoir eu le sentiment d’être véritablement un « soldat de libération », alors qu’en Afghanistan il se sentait dans une armée d’occupation. Certains brossent d’émouvants portraits de combattants tombés en martyr, intercalés entre les différents témoignages, et décrivent l’importance de la « culture du şehîd ».
Medya (Italie), s’attarde longuement sur les unités de défense des femmes (YPJ), inspirées de l’idéologie développée par Abdullah Öcalan et qui place les femmes au centre de la société.
Soyah (France) fait part de son amertume et de sa colère à son retour, en songeant à ses camarades tombés en martyrs « dans l’une des pires guerres de notre siècle. Le monde regardait. Afrîn tomba aussi, aux mains des islamistes et des fascistes. Et le monde regardait toujours. Les populations non arabes sunnites ou turkmènes se firent massacrer. Et le monde regardait. La sharia fut imposée, on réduisit les femmes en esclavage et on viola, tortura et exécuta toutes celles qui résistaient. Le monde regardait toujours. Une police d’Afrîn fut créée, composée de néo-fascistes turcs principalement issus des Loups gris, police à l’uniforme proche des SS, se prenant en photo en faisant le salut nazi au centre-ville d’Afrîn, pendant que les milices islamistes ravageaient le canton et détruisaient tout symbole de la culture kurde, alévie, yézidie et, surtout, tout symbole de la libération des femmes. Le monde, fidèle à lui-même et fier de sa constance, regardait. Peut-être entendit-on quelques voix de ceux et celles qui se pensent être des “gens de bien”, voix indignées, outrées, mais seulement des voix. L’indignation ne sauve pas des vies ni ne gagne des batailles. L’indignation est une farce pour le fascisme. » De la même façon, Siyah (France), survivante de la bataille de Serêkaniyê, conclut son appel à la solidarité ainsi : « Je te demande juste, lecteur ou lectrice, de t’interroger sur la nature de ton “devenir politique”. Interroge-toi sur ton rapport au monde. Interroge-toi sur ceci : que faisais-tu quand le fascisme triomphant s’acharnait à détruire l’une des seules alternatives révolutionnaires conséquentes de cette génération ? S’il est vrai que siamo tutti antifascisti, alors il est temps de le montrer en actes. »

L’introduction d’André Hébert donne beaucoup de clés de compréhension et synthétise brillamment l’ensemble des propos, si bien que nous aurions pu nous contenter de la reprendre intégralement ici.

Cet « hommage », inscrit à plus d’un titre dans la lignée de celui d’Orwell, témoigne autant des expériences vécues par ces volontaires internationaux, que de la révolution qu’ils sont partis défendre au Rojava. Comme l’Espagne en 1936, ce territoire est actuellement abandonné à la violence du gouvernement turque et de ses alliés islamistes. C’est pourquoi il faut lire ces pages, entendre leur appel, le répercuter pour briser l’indifférence et le silence. Et plus si affinités.

Ines voulait aller danser dans Ça m’intéresse

jeudi 17 septembre 2020 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Publié dans Ça m’intéresse, été 2020.

Grandir Libre

Ines est une petite rate qui vit à Candy-Raton. Il est temps pour elle de se rendre au grand bal des cœurs à prendre, où ses jeunes congénères sont supposé·es rencontrer leur moitié. Ines veut danser mais sûrement pas se caser. Comment la jeune rate va-t-elle s’affranchir des carcans ? Une ode à l’émancipation féminine à mettre entre toutes les petites mains, que l’on peut aussi écouter en podcast.