Le blog des éditions Libertalia

Je vous écris de l’usine dans Le Monde diplomatique

jeudi 3 mars 2016 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Je vous écris de l’usine dans Le Monde diplomatique (mars 2016).

Auteur de Putain d’usine (2002), qui rencontra un écho exceptionnel pour un témoignage ouvrier, Jean-Pierre Levaray a collaboré durant dix ans au mensuel CQFD. Il y a tenu jusqu’à son départ à la retraite, après quarante ans de travail dans l’industrie chimique, une chronique intitulée « Je vous écris de l’usine ». Il reprend ici l’intégralité de ces articles, qui permettent de comprendre le blues de la classe ouvrière et rendent de leur dignité aux sans-grade. Se mêlent le récit des jours et des nuits à l’usine, dans la réalité la plus prosaïque du travail posté ; les combats syndicaux, les grèves locales ou nationales ; les portraits, souvent bienveillants, parfois cruels, des collègues de travail et ceux, plus acides, de la hiérarchie et des cadres dirigeants ; la maladie omniprésente, et parfois le décès, des copains de boulot, à cause des ravages de l’amiante ; en 2001 la catastrophe d’AZF à Toulouse et ses suites, dans une usine similaire du même groupe ; et les manœuvres de Total pour se dédouaner face à l’opinion et à la justice. [CJ]

C.J.

Trop classe ! dans Le Café pédagogique

jeudi 3 mars 2016 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Trop classe ! dans Le Café pédagogique.
 
C’est quoi enseigner en Seine Saint-Denis ? De nombreux livres catastrophes sont publiés. Le petit livre de Véronique Decker n’est pas optimiste. Mais il raconte trente années d’enseignement dans les quartiers populaires, quinze années de direction d’école à Bobigny, sans mépris et sans ressentiment pour les enfants et leurs parents. Pas de pitié non plus. Mais de la solidarité. De la classe, on vous dit...

« Pour parler de la banlieue sans jamais nommer les pauvres, les Arabes, les Noirs et les Roms qui composent désormais la classe sociale majoritaire en nombre d’habitants, l’État a dû inventer d’exquises circonvolutions de langage… Ainsi il y a des “quartiers”… Les antiracistes s’exclament “mais non ce n’est pas vrai ! il n’y a pas de territoires perdus !” Ben si. Il y a des quartiers où plus rien ne fonctionne bien et où on a perdu les services sociaux de l’État. »

Véronique Decker enseigne depuis trente ans à Bobigny. C’est ce chemin qu’elle raconte dans un petit livre bien écrit, en brossant un tableau composé de petites scènes vigoureuses, touchantes, drôles parfois, qui constituent au final un témoignage unique sur le métier d’enseignant dans le département le plus pauvre de métropole.

« J’ai toujours beaucoup aimé enseigner en Seine-Saint-Denis », écrit-elle. « Je sais, ce que je dis n’est pas à la mode. Il faut se plaindre de nos conditions de travail exceptionnellement dures, des racailles, de la République abandonnée… C’est vrai que c’est difficile, rugueux, complexe… Mais j’aime ces enfants-là. »

Alors Véronique Decker raconte son combat pour que les enfants roms soient scolarisés. Elle raconte aussi que la République est toujours là, notamment avec les conseils d’élèves de son école Freinet : « Les conseils d’élèves, lorsqu’ils disposent de véritables pouvoirs sont notre meilleure garantie de construire un avenir plus juste avec des enfants formés à une démocratie ancrée dans le sol. » C’est toute une philosophie et une pratique de l’école que son livre restitue par petites touches.

Mais quel est le fil ? Très clairement c’est la solidarité. L’ouvrage n’est pas un livre de plus sur la pédagogie Freinet. Ce n’est pas un brûlot syndical sur les revendications du personnel enseignant dans le 93. Trop classe ! est juste le récit d’une solidarité exigeante entre une enseignante et son quartier populaire. C’est juste le vécu d’une femme qui porte réellement des choix éthiques, avec courage mais sans se raconter d’histoires.

Trop classe ! est au croisement de ce qu’est le métier d’enseignant. Un engagement pour une école au service du peuple. Une aventure collective d’adultes. Un chemin personnel sans concessions. Une vie qui brûle.

François Jarraud

Trop classe ! sur le blog « Classe buissonnière »

jeudi 3 mars 2016 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Trop classe ! sur le blog « Classe buissonnière »

Les livres de profs du 9-3 sur le 9-3 ce n’est pas ce qui manque. Ce département et ses habitant-e-s alimentent les fantasmes les plus variés, surtout chez celles et ceux qui ne le connaissent pas.
Mais le livre de Véronique Decker ne sera pas à ranger dans la longue suite de plaintes, moqueries, ou pamphlets qui fleurissent régulièrement. Déjà, parce que même si on lui souhaite le succès qu’il mérite, ce livre n’est pas motivé par la volonté de faire un « coup » commercial. Aussi, car son auteure n’est pas une jeune enseignante tout juste arrivée qui pense avoir tout vu et tout compris en trois ans et qui s’empresse d’en faire un livre souvent bien caricatural dès qu’elle a pu s’enfuir et muter ailleurs, livre qui ressemble souvent plus à celui d’une reporter de guerre que d’une pédagogue. Non, Véronique Decker a travaillé plus de trente ans dans différentes villes du département et y habite. Elle y milite aussi si tant est qu’on puisse différencier complètement son travail de son militantisme quand on doit se battre pour que ses élèves puissent tous avoir un toit sur la tête. Mais cette longue expérience ne débouche jamais sur un ton donneur de leçons. Ce serait un comble pour Véronique qui a le souci de construire les savoirs avec ses élèves et de créer de « petites républiques d’élèves » dans son école Freinet mais publique et REP+, car il est évident que c’est avec les enfants du peuple que son travail prend tout son sens. Au contraire, le début du livre nous donne l’occasion d’observer ses premiers pas d’institutrice, ses découvertes, ses erreurs aussi.
Il est constitué de courtes tranches de vie, ce qui permet une lecture aisée à laquelle le style léger et souvent drôle de Véronique Decker ne nuit pas. Il serait possible de l’ouvrir au hasard et de lire une de ses courtes nouvelles ou d’en adopter une approche plus chronologique.
En tout cas, il se dévore puisqu’un trajet en bus d’un bout à l’autre d’une ligne de métro qui traverse le 93 et accessoirement relie mon lycée pro au local de mon syndicat, a presque suffi à le terminer. Quelques stations de ligne 13 ont permis d’avaler avidement les dernières pages.
Quand on parle de lecture aisée et de style léger cela ne saurait occulter que l’on a parfois les larmes aux yeux en découvrant les vies de certains enfants, pas plus haut que trois pommes, qui font largement mentir l’assertion selon laquelle nous naîtrions tous égaux. Heureusement, loin des clichés sur les fonctionnaires largement véhiculés, on voit aussi les trésors d’ingéniosité et de volonté déployés pour permettre d’armer au mieux les élèves. Mais la volonté ne suffit pas entièrement à pallier les manques criants du service public.
On se rappelle ainsi pourquoi on se bat et pourquoi l’indifférence est impossible quand on découvre dans quel abandon l’État et l’éducation nationale laissent les populations les plus fragiles.
On vous recommande chaudement ce livre qui réussit la gageure de devenir lui-même un outil pédagogique. À sa lecture, on imagine déjà à quels objets d’études de français en CAP il peut correspondre. On ne se refait pas !

École obligatoire, un documentaire avec Véronique Decker

vendredi 26 février 2016 :: Permalien

École obligatoire
Scolarisation des enfants Roms, école élémentaire Marie Curie de Bobigny

Réalisation montage : Jérôme Couroucé.

Un reportage sur la scolarisation des enfants roms de Bobigny (2012), avec Véronique Decker, auteur de Trop classe !

Je vous écris de l’usine, dans L’Obs

vendredi 26 février 2016 :: Permalien

— REVUE de PRESSE —

Dans L’Obs (25 février-2 mars 2016).

Je vous écris de l’usine est une admirable chronique ouvrière parue
de 2005 à 2015 dans le mensuel de critique sociale CQFD. Jean-Pierre Levaray y raconte la vie quotidienne dans son usine d’ammoniac et d’engrais, une de ces poudrières classées Seveso 2. Ce site de Grand-Quevilly, dans le Rouennais, était une filiale de Total avant d’être revendu en 2014 à des Autrichiens et à un fonds d’Abu Dhabi. Triste classique auquel a préludé une série de « plans de sauvegarde de l’emploi » (PSE) comme on dit, pour mieux jeter son personnel après usage. « Dans leurs calculs, les ouvriers comptent pour du beurre », lit-on dans la chronique d’avril 2006 intitulée « Putain d’usine : on ferme ! »
Tout est consigné d’une plume fine et incisive, le meilleur comme le pire. La fraternité ouvrière et la servilité des cadres, toujours du côté du manche, le salaire qui peine à monter – 1,8 % pour eux contre 33 % pour celui des actionnaires –, le matériel vétuste, les accidents, nombreux comme celui arrivé à un intérimaire turc recruté pour descendre dans un four immense changer un catalyseur. L’ouvrier est en bas, en scaphandre depuis une heure. Il fait 45 °C. Tout pourrait s’enflammer au contact de l’air, alors de l’azote est injecté en permanence. Sa tâche est dangereuse au point qu’il porte un capteur pour contrôler son rythme cardiaque ; il est sous surveillance vidéo, relié par un filin au collègue chargé de le remonter au cas où. Quelque chose dans le système d’alerte n’a pas marché ce jour-là quand l’homme a crié. CHU, brûlures aux pieds, le gars aurait pu y passer. Ces choses vues alternent avec le récit des calculs froids des stratèges, jamais rassasiés, même par leurs gains colossaux, des « bénéfices immoraux », dit Jean-Pierre Levaray.

Anne Crignon